PSA La Janais : les syndicats divisés sur la rupture conventionnelle collective

Ce mardi 9 janvier le groupe PSA réunissait les syndicats pour négocier deux accords. L'un sur des ruptures conventionnelles collectives. L'autre sur le congé mobilité. À la Janais, au-delà des enjeux sur les emplois, c'est la confiance dans l'avenir du site qui taraude certains salariés.

La direction de PSA veut utiliser les possibilités offertes depuis ce 1er janvier par la rupture conventionnelle collective  pour supprimer 1 300 emplois au plan national. Elle veut aussi inciter 900 salariés à utiliser le dispositif du congé senior. En parallèle, la direction affiche vouloir embaucher 1 300 personnes. Les réactions sont mitigées.


Divergences de vues au plan national

L’interprétation des stratégies sociales et économiques du groupe PSA-Automobiles est différente selon les syndicats.

Après la réunion du 9 janvier Christine Virassamy (déléguée centrale Cfdt PSA) était plutôt positive préférant regarder les 1300 recrutements en CDI promis par la direction en 2018, plutôt que les ruptures conventionnelles collectives (RCC) espérées par le groupe automobile. Pour Christine Virassamy l’entreprise a besoin de restructurer ses forces de travail, de les adapter à ses besoins futurs.


Aider les salariés à évoluer et à se former pour exercer de nouveau métiers utiles à l’entreprise, c’est de la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences


Pour Jean-Pierre Mercier, (délégué central CGT du groupe PSA) : 

c'est complètement inacceptable ! On ne peut pas imaginer que la direction de PSA continue à vouloir supprimer des milliers d'emplois dans un groupe qui accumule depuis plusieurs années des milliards de bénéfices


Selon l’AFP, FO aussi a jugé "intolérable que les ruptures collectives ne servent qu’à faire partir les salariés [quand] les ateliers se vident [et qu’il y a] des équipes complètes d’intérimaires". Mais la CFTC relève que    « ce n’est pas un plan social mais la mise en œuvre de démarches volontaires dans le but d’adapter les effectifs à l’évolution du secteur. » La CFE-CGC abonde dans le même sens soulignant un équilibre des « entrants et des sortants » et réclamant le « respect » du volontariat.


Le verre à moitié plein

Pour Laurent Valy, le délégué Cfdt de la Janais, les deux accords négociés sont la continuité de ceux liés au PSE de 2012 pour limiter les licenciements ou faciliter les reclassements et qui ont débouché sur le Dispositif d’adéquation des emplois et des compétences (DAEC). Un accord renégocié chaque année en janvier.

Il était donc impossible de revoir cet accord en 2018 sans prendre en compte les nouvelles ordonnances sur le travail. Il se trouve que les dispositions de l’accord portant Rupture conventionnelle collective (RCC) mis en place par le gouvernement Philippe, ne permettent pas d’y inclure l’équivalent du congé reclassement qui permettait d’accompagner le salarié dans la durée lors d’une reconversion professionnelle et figurait dans le DAEC ; d’où un deuxième accord en parallèle.

Pour la Cfdt il est plutôt heureux que l’entreprise se refasse une santé financière distribue des dividendes aux actionnaires, et verse de l’intéressement aux salariés. La Cfdt insiste sur le fait que la rupture conventionnelle collective ne peut se faire sans l’accord volontaire du salarié. Laurent Valy souligne que le salarié qui choisit le congé mobilité (qui remplace le congé reclassement) pour un projet personnel d’entreprise ou une formation certifiée ou diplômante y trouve son compte : 7 à 10 000 euros, en plus des indemnités conventionnelles de licenciement ( 7 mois de salaire pour 20 ans d’ancienneté, 3 mois pour dix ans).

Rien de choquant non plus pour la Cfdt à ce que PSA propose aux salariés séniors 900 dispenses d’activité.

Il s’agit de leur verser 75% de leurs salaires pendant 3 ans et même pendant 5 ans pour les séniors de la Janais (article 2 de l’accord, 300 personnes concernées jusqu’en 2019).


Il s'agit d'une sorte de préretraite, entièrement financée par PSA pour rééquilibrer sa pyramide des âges. Elle se sépare ainsi de personnels difficiles à reclasser ou ayant des restrictions médicales et qui ont le plus d’ancienneté. Mais toujours s'ils sont volontaires.

Et la Cfdt justifie sa confiance à PSA sur la foi du bilan 2017.
Ce bilan affiche 1170 congés de séniors et 2500 emplois de jeunes en compensation, mais aussi 1200 CDI en France sur la Division automobile. Et encore 1500 salariés accompagnés en mobilités externes sécurisées…

Aussi quand PSA annonce pour 2018 la perspective de 6000 nouvelles mobilités internes (comme en 2017), 1000 reconversions internes et 1250 en mesures externes sécurisées. Elle y croit.


Le verre à moitié vide

Au contraire, pour Mickael Gallais (délégué CGT de la Janais) le compte n’y est pas.

Une entreprise multimilliardaire devrait embaucher des CDI et la rupture conventionnelle collective (RCC) est un déguisement de PSE sans justification économique.

« Ce sont surtout les ouvriers des ateliers de productions qui souffrent. De plus en plus nombreux en CDD ou en intérim avec aussi des CDI intérim toujours plus nombreux ».


Ce « CDII » permet à l’entreprise d’intérim d’embaucher le salarié sur 3 ans avec un salaire mensuel régulier. Mais ajoute la CGT ils peuvent avoir plusieurs employeurs dans un périmètre de 50 km ou une heure trente de transport (par exemple naviguer entre Rennes, Lorient et Redon). Ils perdent aussi les primes de fin de contrat ou de précarité qui sont importantes pour des smicards (Le salaire moyen en production est de 1300 euros).

Pour eux comme pour les CDD ou les CDI il faut subir des cadences toujours plus fortes et des planifications les jours fériés qui succèdent à des périodes de chômages (100 jours de chômage depuis 2015).

Mickael Gallais ajoute qu’il a vu les effectifs s’écrouler depuis 10 ans surtout dans les ateliers : il n’y a plus que 2400 salariés permanents à la Janais et 1000 intérimaires.

C’est effectivement le point noir pour tous les syndicats de la Janais, le groupe PSA n’annonce que 400 créations de CDI au plan national alors la Cfdt, la plus optimiste mise sur une cinquantaine à Rennes-La Janais.

Mais Mickaël Gallais tranche : "qu’est ce qui prouve aujourd’hui que notre production ici ne va pas fermer ?"

Les accords négociés seront soumis aux signatures des syndicats le 17 janvier.

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